Langue
Le monde est truffé de nombreux stimuli avec lesquels les organismes vivants interagissent chaque jour. Chaque individu est capable de percevoir, de traiter et d'intégrer ces stimuli à l'aide de récepteurs sensoriels généraux et spécialisés répartis dans tout le corps. La langue est un organe unique situé dans la cavité orale qui facilite la perception des stimuli gustatifs mais joue également un rôle important dans la mastication et la déglutition. De plus, la langue fait partie intégrante du processus de la parole, car elle contribue à l'articulation des mots.
Comme pour toute l’anatomie, il est important de comprendre la terminologie associée à la description des structures concernées. Le préfixe gloss- et le suffixe -glosse sont couramment utilisés pour désigner la langue. Par conséquent, le nom glossopharyngien fait référence au muscle qui naît de la langue et s'insère dans le pharynx. De même, le nom hyoglosse désigne un muscle qui prend naissance au niveau de l'os hyoïde et s'insère dans la langue.
Embryologie | Débute à partir du 23e jour |
Parties | Pointe (apex), corps, base |
Faces | Dorsale (supérieure) et ventrale (inférieure) |
Relations |
Antérieure et latérale : dents Supérieur : palais dur et mou Inférieure : muqueuse du plancher de la cavité buccale, glandes salivaires sublinguales, paroi postérieure de l'oropharynx. Postérieure : épiglotte, entrée du pharynx Latérale : arcs palatoglosse et palatopharyngienne |
Muscles |
Intrinsèques : muscles longitudinaux supérieurs, verticaux, transversaux, longitudinaux inférieurs Extrinsèque : muscles génioglosse, hypoglosse, styloglosse, palatoglosse |
Vascularisation | Artère linguale (artères linguale dorsale, sublinguale, linguale profonde), artères palatine ascendante, tonsillaires, pharyngienne ascendante |
Lymphatiques | Nœuds lymphatiques marginaux, centraux, dorsaux, submandibulaires, jugulo-omo-hyoïdiens, cervicaux profonds |
Innervation | Nerf hypoglosse, plexus pharyngien, nerf lingual, nerf glossopharyngien, nerf facial, nerf vague, corde du tympan |
Muqueuse | Épithéliums pavimenteux stratifiés kératinisés (face dorsale) et non kératinisés (face ventrale) |
Papilles linguales | Filiformes, fongiformes, foliées, circumvallées |
Bourgeons gustatifs |
Épithélium pavimenteux stratifié Structure : cellules gustatives, cellules de soutien, cellules souches basales, pore gustatif |
Un autre point important à noter est que la langue est embryologiquement divisée en une partie antérieure et une partie postérieure. La partie antérieure de la langue est également appelée partie orale ou présulcale de la langue. À l'inverse, la partie postérieure de la langue est appelée partie pharyngienne ou post sulculale de la langue. Enfin, évitez d'intervertir les mots racine et base lorsque vous parlez de la langue, car il s'agit de deux zones anatomiquement distinctes. La base de la langue désigne la partie post sulculale qui forme la paroi ventrale de l'oropharynx, tandis que la racine de la langue fait référence à une partie de la langue présulculale qui est attachée au plancher de la cavité buccale.
Cet article a pour but de discuter du développement et de l'anatomie macroscopique de la langue. L'accent sera mis en particulier sur la composition musculaire de l'organe, ainsi que son approvisionnement neurovasculaire et son drainage lymphatique.
- Anatomie
- Histologie
- Vascularisation et drainage lymphatique
- Innervation
- Embryologie
- Note clinique
- Sources
Anatomie
Dans des circonstances normales, la langue est un organe rose et musculaire situé dans la cavité orale proprement dite. Elle est maintenue humide par les sécrétions des glandes salivaires majeures et mineures, qui aide l'organe en facilitant la déglutition, la parole et la perception gustative. La longueur de la langue varie considérablement d'un individu à l'autre, en moyenne, l'organe mesure environ 10 cm de long. Il se compose de trois parties principales :
- La pointe ou l'apex de la langue qui est l'aspect le plus antérieur et le plus mobile de l'organe.
- La pointe est suivie par le corps de la langue. Elle présente une face dorsale (supérieure) rugueuse qui avoisine le palais et qui est peuplé de papilles gustatives et de papilles linguales, et une face ventrale lisse (inférieure) qui est attachée au plancher de la cavité buccale par le frein de la langue.
- La base de la langue est la partie la plus postérieure de l'organe. Elle est peuplée de nombreux agrégats lymphoïdes connues sous le nom de tonsilles linguales, ainsi que des papilles foliées le long de la face postérolatérale.
De nombreuses structures importantes entourent la langue. Elle est limitée antérieurement et latéralement par les rangées de dents supérieures et inférieures. Supérieurement, elle est bordée par les palais dur (partie antérieure) et mou (partie postérieure). En bas, la racine de la langue est en continuité avec la muqueuse du plancher de la cavité orale ; les glandes salivaires sublinguales et les faisceaux vasculaires étant situés sous la muqueuse du plancher de la cavité orale.
Les arcs palatoglosses et palatopharyngiens (ainsi que les tonsilles palatines) ont des relations latérales avec le tiers postérieur de la langue. En arrière de la base de la langue se trouve la face dorsale de l'épiglotte, l'entrée du larynx et la paroi postérieure de l'oropharynx. Comme indiqué précédemment, les parties présulcales et postsulcales de la langue diffèrent non seulement par leur emplacement anatomique, mais aussi par leur origine embryologique, l'innervation et le type de muqueuse que l'on trouve à sa surface.
Les deux tiers antérieurs
La langue présulculale comprend l'apex et le corps de l'organe. Elle se termine par le sulcus terminal ; que l'on peut voir s'étendre latéralement en direction oblique du foramen cæcum vers l'arc du palatoglosse. La muqueuse de la face dorsale de la langue orale est constituée de papilles vallées, filiformes et fongiformes. Il existe également un sillon longitudinal médian en direction antéropostérieure de la pointe de la langue au foramen cæcum. Il marque le point de fusion embryologique des renflements linguaux latéraux qui ont formé la langue orale. Il représente également l'emplacement de la cloison linguale médiane (fibreuse) de la langue qui s'insère dans le corps de l'os hyoïde.
Sur la face latérale de la langue orale se trouvent des papilles foliacées disposées en une série de plis verticaux. La muqueuse ventrale de la langue orale est comparativement sans particularité. Elle est lisse et continue avec la muqueuse du plancher buccal et la gencive inférieure. Les veines linguales sont relativement superficielles et peuvent être appréciées de part et d'autre du frein lingual. Latéralement aux veines linguales se trouvent des plis de muqueuse connus sous le nom de plis frangés. Ils sont inclinés antéromédialement vers l'apex de la langue.
Tiers postérieur
Le reste de la langue qui se trouve en arrière du sulcus terminal est constitué par la base de l'organe. Il se situe derrière les plis palatoglosses et constitue la paroi antérieure de l'oropharynx. Contrairement à la langue orale, la langue pharyngée ne possède pas de papilles linguales. Au contraire, sa muqueuse est peuplée d'agrégats de tissus lymphatiques appelés tonsilles linguales. La muqueuse est également en continuité avec la muqueuse des tonsilles palatines situées latéralement, les parois oropharyngées latérales, l'épiglotte postérieure et les plis glosso-épiglottiques.
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Muscles
La langue est principalement un organe musculaire, avec une certaine quantité de tissus graisseux et fibreux répartis dans toute sa substance. Tous les muscles de la langue sont des structures paires, chaque exemplaire se trouvant de part et d'autre de la cloison fibreuse médiane. Des muscles s'étendent à l'extérieur de l'organe pour l'ancrer aux structures osseuses environnantes, appelés muscles extrinsèques. L'autre série de muscles est confinée à chaque moitié de l'organe et contribuent à modifier la forme de l'organe : ce sont les muscles intrinsèques.
Muscles intrinsèques de la langue
Les muscles intrinsèques de la langue sont responsables de l'ajustement de la forme et de l'orientation de l'organe. Cesont quatre muscles appariés, qui sont présentés ci-dessous dans le sens dorsoventral.
Les muscles longitudinaux supérieurs sont constitués d'une fine couche de fibres musculaires se déplaçant dans un mélange de muscles obliques et longitudinaux juste au niveau de la face supérieure de la muqueuse de l'organe. Ces fibres proviennent du septum fibreux médian ainsi que de la couche fibreuse de la sous-muqueuse à partir du niveau de l'épiglotte. Ils s'insèrent finalement le long des marges latérales et apicales de l'organe. Ces muscles sont responsables de la rétraction et de l'élargissement de la langue, ainsi que de l'élévation de son extrémité. L'effet net de ces muscles se traduit par un raccourcissement de l'organe.
Une autre série de muscles occupe le plan dorsoventral de la langue, en profondeur par rapport aux muscles longitudinaux supérieurs. Il s'agit des muscles verticaux qui naissent de la racine de l'organe et du muscle génioglosse et s'insèrent dans le septum fibreux médian, sur toute la longueur de l'organe. Ces muscles facilitent l'aplatissement et l'élargissement de la langue.
La couche des muscles transversaux de la langue est située en profondeur par rapport aux muscles ventraux. Ils empruntent une voie latérale, s'étendant de part et d'autre de la cloison linguale médiane (origine) jusqu'à la sous-muqueuse fibreuse le long des bords latéraux de la langue (insertion). La contraction de ces muscles entraîne le rétrécissement et l'allongement de la langue.
Enfin, les muscles longitudinaux inférieurs passent au-dessus de la sous-muqueuse ventrale de la langue. Ces fibres se déplacent entre le hyoglosse et le génioglosse qui naît de la base de la langue et le corps de l'os hyoïde. Les fibres se terminent à l'apex de la langue ; permettant au muscle de tirer la pointe de la langue vers l'inférieur et raccourcissant également l'organe.
Les muscles intrinsèques de la langue peuvent fonctionner de manière indépendante, ou en combinaison les uns avec les autres pour donner naissance à de nombreuses formes. Il s'agit d'une caractéristique importante de la langue, car elle facilite le moulage des particules alimentaires dans un bolus en préparation de la déglutition et de la parole.
Longitudinal supérieure |
Origine : sous-muqueuse de la langue postérieure, septum lingual Insertion : apex/marges antéro-latérales de la langue Innervation : nerf hypoglosse (XII) Vascularisation : branche linguale de l'artère carotide externe Action : rétraction et élargissement de la langue, élévation de l'apex de la langue |
Longitudinal inférieur |
Origine : racine de la langue, corps de l'os hyoïde Insertion : apex de la langue Innervation : nerf hypoglosse (XII) Vascularisation : branche linguale de l'artère carotide externe Action : rétraction et élargissement de la langue, abaissement de l'apex de la langue |
Muscle transverse |
Origine : septum lingual Insertion : bord latéral de la langue Innervation : nerf hypoglosse (XII) Vascularisation : branche linguale de l'artère carotide externe Action : rétrécissement et allongement de la langue |
Muscle vertical |
Origine : racine de la langue, muscle génioglosse Insertion : aponévrose linguale Innervation : nerf hypoglosse (XII) Vascularisation : branche linguale de l'artère carotide externe Action : élargi et allonge la langue |
Muscles extrinsèques de la langue
La forme de la langue est déterminée par les muscles intrinsèques de la langue, le mouvement de l'organe à l'intérieur (et à l'extérieur) de la cavité orale dépend des muscles extrinsèques de la langue. Il existe quatre paires de muscles extrinsèques que l'on peut considérer comme ceux qui proviennent de la partie supérieure de la langue et ceux qui proviennent de la partie inférieure de la langue.
Génioglosse |
Origine : Épine mentale supérieure de la mandibule Insertion : toute la longueur du dos de la langue, aponévrose linguale, corps de l'os hyoïde Innervation : nerf hypoglosse (XII) Vascularisation : branche sublinguale de l'artère linguale, branche sous-mentale de l'artère faciale Actions : déprime et fait saillir la langue (contraction bilatérale) ; dévie la langue de façon controlatérale (contraction unilatérale) |
Hypoglosse |
Origine : corps et corne supérieure de l'os hyoïde Insertion : parties inférieure/ventrale de la langue latérale Innervation : nerf hypoglosse (XII) Vascularisation : branche sublinguale de l'artère linguale, branche submentale de l'artère faciale Action : abaisse et rétracte la langue |
Styloglosse |
Origine : face antérolatérale de l'apophyse styloïde (de l'os temporal), ligament stylomandibulaire Insertion : Fusionne avec le muscle longitudinal inférieur (partie longitudinale) ; Fusionne avec le muscle hyoglosse (partie oblique) Innervation : nerf hypoglosse (XII) Vascularisation : branche sublinguale de l'artère linguale Action : rétracte et élève les aspects latéraux de la langue |
Palatoglosse |
Origine : aponévrose palatine du palais mou Insertion : bords latéraux de la langue, fusionne avec les muscles intrinsèques de la langue Innervation : nerf vague (X) (via les branches du plexus pharyngien) Vascularisation : branche palatine ascendante de l'artère faciale, artère pharyngienne ascendante Actions : élévation de la racine de la langue, resserrement de l'isthme de la gorge |
Le styloglosse et le palatoglosse sont les deux muscles qui partent du haut.
Le palatoglosse fait anatomiquement partie du groupe des muscles du pharynx. Cependant, ses attaches à la langue font qu'il s'agit également d'un muscle extrinsèque de la langue. Il naît de la partie orale de l'aponévrose du palais mou. À cet endroit, ainsi qu'à son insertion dans les bords latéraux de la langue, le muscle est plus large que dans sa partie médiane. Son rôle en tant que muscle extrinsèque de la langue est d'élever la face dorsale de la langue, et (tout en travaillant en synergie avec le palatoglosse controlatéral) d'agir comme un sphincter au niveau de l'isthme oropharyngé.
Le styloglosse prend naissance sur la face antérolatérale de l'apophyse styloïde. Il contribue non seulement au ligament stylomandibulaire, mais il contribue également à la rétraction de la langue (en la déplaçant vers la partie postérosupérieure). C'est le plus petit et le plus court des trois muscles styloïdes. Il se trouve sur le bord latéral de la langue, mais il contribue également à la rétraction de la langue (en la déplaçant vers la partie postérosupérieure). Le muscle se divise en deux parties, l'une longitudinale et l'autre oblique. Le premier perce la langue sur la face dorsolatérale et s'intègre au muscle longitudinal inférieur ; tandis que ce dernier se croise et se décusse avec l'hyoglosse.
Le génioglosse et le hyoglosse se développent par le bas. Le génioglosse naît d'un tendon mince qui se détache de l’épine mentonnière supérieure de la mandibule et rayonne vers la face dorsale de la langue. Cette fixation empêche la langue de tomber vers l'arrière et d'obstruer les voies respiratoires lorsque la personne est en décubitus dorsal. Les fibres inférieures du muscle ont également des attaches indirectes avec la partie antérieure du corps de l'os hyoïde par l'intermédiaire de sa fine aponévrose. Il s'agit d'une structure de la ligne médiane triangulaire qui s'étend de façon postérosupérieure et à laquelle les fibres supérieures du muscle s'interpénètrent avec les muscles intrinsèques, avant de s'attacher le long de la face inférieure de la langue (de la racine à la pointe).
Le muscle hyoglosse est un muscle quadrilatère mince qui prend naissance sur toute la grande corne de l'os hyoïde. Il est souvent accompagné d'un chondroglosse (qui peut être considéré comme faisant partie de l'hyoglosse), qui naît de la base de la petite corne de l'os hyoïde. Le hyoglosse suit une trajectoire verticale crâniale, à l'endroit où il perce les bords inférolatéraux de la langue et se fond ensuite entre les muscles longitudinaux inférieurs et le styloglosse.
Les muscles extrinsèques jouent un rôle important en pressant et en moulant le bol alimentaire en préparation de la phase initiale de la déglutition. En outre, ils sont utilisés pour déplacer le bolus vers l'arrière dans l'entrée oropharyngée. De plus, l'action du palatoglosse ferme l'isthme oropharyngé afin d'éviter que les aliments ne se déplacent vers le crâne pendant la déglutition. Bien que certains de ces muscles soient capables d'agir isolément, c'est l'effet combiné de tous les muscles intrinsèques et extrinsèques qui permettent à la langue d'avoir une flexibilité importante.
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Histologie
La muqueuse linguale est recouverte d'un épithélium pavimenteux stratifié plus ou moins kératinisé. La face dorsale de la langue orale étant plus exposée au risque de dessiccation et d'abrasion au contact du bol alimentaire de température et de texture variables, il est recouvert d'un épithélium kératinisé. Cependant, la face ventrale de la langue ainsi que la partie pharyngée, sont relativement bien protégés de l'environnement difficile. Par conséquent, les épithéliums de ces zones ne sont pas kératinisés. L'épithélium est adhérent aux fibres musculaires striées sous-jacentes de la langue. Il existe un raphé fibreux sur la ligne médiane de la langue qui marque le point de fusion des renflements linguaux latéraux embryonnaires. En arrière, la langue pharyngienne contient une quantité variable de tissu adipeux.
La muqueuse dorsale de la langue orale est caractérisée par de nombreuses structures surélevées appelées papilles linguales. Elles donnent l'aspect rugueux caractéristique de la face dorsale qui n'est pas appréciée sur la face ventrale de la langue. La langue pharyngée présente également des structures en forme de dômes surélevés dans toute la muqueuse. Il s'agit toutefois d'agrégats lymphatiques (c'est-à-dire tonsilles linguales) qui ne doivent pas être confondus avec des papilles.
Les papilles linguales
Il existe quatre types de papilles linguales à la surface de la langue humaine. Il s'agit de :
- Papilles filiformes qui sont les plus abondantes des quatre types de papilles. Il s'agit de papilles étirées, en forme de cônes, gris-blanc, recouvertes d'une épaisse couche d'épithélium pavimenteux kératinisé. En rendant la surface dorsale de la langue rugueuse, ces papilles assurent une friction qui permet les mouvements du bol alimentaire lors de la mastication. Il est à noter que ces papilles ne possèdent pas de bourgeons gustatifs.
- Papilles fongiformes qui sont faiblement kératinisées et moins abondantes que les papilles filiformes. Cependant, elles sont dispersées sur toute la face dorsale de la langue. Ces papilles très vascularisées, en forme de champignon, contiennent quelques bourgeons gustatifs sur l'aspect apical.
- Papilles foliées qui sont bilatéralement appariées et parallèles, telles des fentes longitudinales sur le bord postérolatéral de la langue, près du sulcus terminal. La muqueuse n'est pas kératinisée et les papilles sont peuplées de nombreux bourgeons gustatifs.
- Papilles circumvallées qui sont organisées de façon linéaire, sous la forme d'un ensemble de quatre à six grandes papilles antérieures à chaque branche du sulcus terminal (soit huit à douze papilles au total). En coupe longitudinale, on peut apprécier le sillon caractéristique que l'on trouve à l'intérieur des papilles. Ces douves facilitent le drainage des glandes salivaires séreuses de von Ebner qui se déversent dans la structure. La lubrification persistante crée un environnement favorable aux particules gustatives pour se dissoudre afin d'être détectés par les bourgeons gustatifs.
Bourgeons gustatifs
Bien que les bourgeons gustatifs soient répartis dans l'ensemble de la cavité orale, ils sont plus concentrés sur la langue. Chaque bourgeon gustatif est clair, ovale et recouvert d'un épithélium pavimenteux stratifié. Chaque bourgeon gustatif contient une combinaison de cellules gustatives allongées, de cellules de soutien et de cellules souches basales. Les cellules gustatives possèdent un pore gustatif apical entouré de nombreuses microvillosités qui lient les molécules dissoutes et les rapprochent des récepteurs responsables du goût. Cependant, ces cellules ont un taux de renouvellement relativement élevé, leur durée de vie étant d'environ sept à dix jours.
Les sensations gustatives perçues par les individus sont au nombre de cinq. Il s'agit du sucré, du salé, de l'acide, de l'amer et de l'umami. Les microvillosités situées sur la face apicale des cellules gustatives sont équipées de divers récepteurs qui se lient à différentes molécules. La réaction générée par cette interaction composé-récepteur donne lieu à des potentiels d'action variables qui sont ensuite perçus comme un goût. La salinité est souvent associée à la composante cationique d'un composé (c'est-à-dire les ions sodium), tandis que l'aigreur est liée à l'acidité (concentration d'ions hydrogène) du composé. Les composés organiques tels que les glucides ou les acides aminés sont à l'origine du goût sucré, tandis que l'amertume est associée aux composés organiques à longue chaîne. Le goût final - l'umami - également connu sous le nom de "savoureux", est lié aux composés de l'isomère chiral gauche de l'acide glutamique.
Avant de poursuivre, prenez le temps de tester vos nouvelles connaissances sur la microstructure de la langue.
Vascularisation et drainage lymphatique
Artères
L'apport vasculaire aux muscles de la langue est assuré par des dérivés de l'artère linguale. Il s'agit d'une branche de l'artère carotide externe qui traverse la région entre le constricteur du pharynx moyen et le hyoglosse afin d'accéder au plancher de la bouche. Il prend une brusque tournure supérieure au niveau du bord antérieur du hyoglosse alors qu'il longe le nerf crânien IX. Il convient de noter que la langue bénéficie d'un bon apport collatéral, l'artère linguale étant également anastomosée avec le vaisseau controlatéral. Les branches nommées de l'artère linguale sont les suivantes :
- Les artères linguales dorsales sont des dérivées relativement petites de l'artère linguale qui naissent à la partie médiane du hyoglosse. En plus d'alimenter la muqueuse dorsale de la langue, il donne également des branches au palatoglosse, au palais mou, aux tonsilles palatines et à l'épiglotte.
- Naissant à la limite antérieure du hyoglosse, les artères sublinguales cheminent entre les muscles mylohyoïdien et génioglosse en se dirigeant vers les glandes sublinguales situées au fond de la cavité buccale. En s'arborisant, l'une de ses branches s'anastomose avec les branches sous-mentales de l'artère faciale, tandis qu'une autre traverse la gencive de la mandibule pour s'anastomoser avec le vaisseau analogue controlatéral.
- L'artère linguale se termine près du frein de la langue sur la face ventrale de la langue, elle est alors appelée artère linguale profonde.
L'artère linguale est soutenue par d'autres branches de l'artère carotide externe. L'artère faciale donne naissance aux artères palatine et tonsillaires qui alimentent également la langue. La branche pharyngée ascendante de l'artère carotide externe alimente également l'organe.
Veines
Les veines de la langue portent le même nom que les artères qu'elles accompagnent. Elles sont formées de nombreux affluents veineux qui finissent par fusionner. La veine linguale profonde se forme à côté de l'apex de la langue, elle longe la face ventrale de la langue (en profondeur, jusqu'à la muqueuse). Lorsque la veine linguale profonde s'anastomose avec la veine sublinguale, elles deviennent les veines satellites du nerf hypoglosse (XII). Ce réseau veineux se draine finalement dans la veine linguale qui rejoint ensuite la veine faciale ou la division antérieure des veines rétromandibulaires. À cet endroit, elles forment la veine faciale commune, qui est un affluent de la veine jugulaire interne. Les veines satellites du nerf hypoglosse peuvent également se drainer directement dans la veine jugulaire interne.
Les veines linguales dorsales sont responsables du drainage des bords latéraux et de la face dorsale de la langue. Elles se déplacent le long de l'artère du même nom et se drainent dans la veine jugulaire interne.
Drainage lymphatique
Lorsqu'il est question du drainage lymphatique de la langue, il est utile de les regrouper en fonction de la région de la langue qui est drainée. Les groupes marginal et central drainent les parties antérieures de la langue, tandis que le groupe dorsal draine la lymphe du tiers postérieur de l'organe. Il n'est pas rare de voir la zone centrale de la langue se drainer vers des groupes de vaisseaux lymphatiques marginaux et dorsaux.
Les vaisseaux lymphatiques marginaux transportent la lymphe vers les nœuds lymphatiques sous-mandibulaires ou vers les nœuds lymphatiques jugulo-omohyoïdiens. Il n'est pas rare de voir les vaisseaux lymphatiques se décusser pour se drainer vers les nœuds lymphatiques controlatéraux. Les vaisseaux de la région centrale peuvent aller jusqu'aux nœuds cervicaux profonds, avec une préférence particulière pour les nœuds jugulo-omohyoïdiens ou jugulodigastriques. Le groupe dorsal de vaisseaux passe également latéralement de chaque côté pour rejoindre finalement les vaisseaux marginaux dans leur trajet vers les vaisseaux jugulo-omohyoïdiens et jugulodigastriques.
Innervation
La langue possède de multiples sources d'innervation en fonction de ses origines embryologiques. Les nerfs de la langue peuvent être regroupés en fibres efférentes qui transportent les impulsions motrices, sensitive générale qui transmet le toucher et la proprioception, et afférente spéciale qui transmet les impulsions gustatives.
Innervation motrice
Les muscles de la langue sont issus des myotomes occipitaux qui ont migré vers le plancher de l'appareil pharyngien au cours du développement. Ces myocytes primitifs ont emporté avec eux les fibres du nerf hypoglosse (XII) au cours de leur voyage. Par conséquent, le nerf hypoglosse fournit une innervation motrice à tous les muscles de la langue, à l'exception du palatoglosse. Lorsque le nerf hypoglosse perce la partie ventrolatérale de la langue pharyngée, il donne une branche au muscle géniohyoïdien. Elle se divise ensuite en deux branches, l'une médiale et l'autre latérale. La branche médiale innerve la partie postérieure des muscles transverses et verticaux, ainsi que la partie médiane du muscle longitudinal inférieur et l'ensemble du génioglosse. La branche latérale du nerf hypoglosse innerve la partie latérale du nerf longitudinal inférieur, les muscles longitudinaux supérieurs, le hyoglosse et le styloglosse.
Bien qu'il y ait un accord sur le fait que le plexus pharyngien apporte des fibres motrices au muscle, il existe encore des divergences quant à l'élément du plexus pharyngien (c'est-à-dire la partie crânienne du nerf accessoire [XI] ou le nerf vague [X]) d'où proviennent les fibres. Certaines sources affirment que les fibres du nerf accessoire se greffent sur le nerf vague pour alimenter le palatoglosse. Cependant, d'autres sources affirment catégoriquement qu'il n'y a pas d'auto-stop, et que le nerf vague est le nerf qui alimente le palatoglosse. Une chose est sûre, c'est que le noyau ambigu fournit des fibres efférentes qui innervent les muscles squelettiques du palais mou. On ne sait toujours pas si ces fibres passent par le nerf accessoire ou le nerf vague.
Innervation sensitive tactile
Le nerf lingual est une branche du nerf mandibulaire (V3). Il est responsable de la transmission des impulsions afférentes somatiques générales des deux tiers antérieurs de la langue. En outre, il transmet les informations sensitives de la muqueuse buccale sous la face ventrale de la langue ainsi que de la muqueuse gingivale de la face linguale de la mandibule. Les impulsions afférentes générales provenant des papilles circumvallées, ainsi que du tiers postérieur de la langue sont véhiculées par des fibres du nerf glossopharyngien (IX).
Innervation gustative
Trois nerfs crâniens sont responsables de la transmission des sensations gustatives de la langue au cerveau. Il s'agit des nerfs facial (VII), glossopharyngien (IX) et (dans une moindre mesure) vague (X). La région de la langue couverte par chaque nerf dépend de la proximité du bourgeon gustatif en développement (et de la papille linguale) jusqu'à la terminaison nerveuse libre. Le nerf facial atténue les signaux sensoriels spéciaux provenant des deux tiers antérieurs de la langue, ainsi que de la partie inférieure du palais mou. Les fibres du nerf facial prennent naissance à travers la langue, en avant du sillon terminal, et sont d'abord véhiculées par le nerf lingual, qui les transmet à son tour à la corde du tympan.
La langue postsulcale, les papilles circumvallées, les arcs palatoglosses, et l'oropharynx sont régis par le nerf glossopharyngien (IX). Le nerf vague (X) n'alimente que les papilles gustatives de l'extrémité pharyngée de la langue. Ces impulsions sont véhiculées par la branche laryngée interne du nerf vague, via le plexus pharyngien.
La neurovascularisation de la langue, ça peut paraître beaucoup ! La meilleure façon d'apprendre est de mettre en pratique ce que vous avez appris. Notre quiz peut vous aider. Ou si vous avez besoin d'un peu plus de révision, consultez notre unité d'étude.
Embryologie
L'appareil pharyngé a été identifié comme la principale structure embryologique qui donne naissance à de nombreux éléments de la région de la tête et du cou. Il est divisé en arcs, en poches et en fentes, qui fusionnent et se remodèlent au cours du développement précoce pour donner les structures adultes de la tête et du cou. L'appareil commence à se former vers le 23e jour du développement embryonnaire.
Au 28e jour, l'appareil pharyngé est presque entièrement formé et commence ensuite à se transformer en structures définitives de la tête et du cou. Elle est précédée par la formation du stomodeum (bouche primitive) et la rupture de la membrane oropharyngée (membrane double qui sépare le stomodeum du pharynx primitif) ; permettant ainsi la communication de l'intestin antérieur avec la cavité amniotique (vers le 26e jour). Dans les poches de l'appareil pharyngé se trouvent des faisceaux neurovasculaires et des tissus mésenchymateux qui se développent dans les nerfs et les vaisseaux sanguins, ainsi que dans les os et les muscles (respectivement) de la région.
Deux tiers antérieurs
La langue est l'une des structures dérivées de l'appareil pharyngé. Vers la fin de la quatrième semaine de gestation, le mésenchyme de la face ventromédiale du premier arc pharyngé commence à proliférer dans le plancher du pharynx primitif pour former la tuméfaction linguale médiane. Cette protubérance triangulaire est située dans la partie crâniale du foramen cæcum (ouverture du canal thyroglosse) et est ensuite rejoint par les deux bourgeons linguaux distaux (renflements linguaux latéraux). Les tuméfactions linguales latérales sont des élargissements ovales apparaissant de part et d'autre de la tuméfaction linguale médiane. Le taux de croissance des tuméfactions linguales latérales dépasse celui de la tuméfaction linguale médiane.
Vers la 5e ou 6e semaine de gestation, ils dépassent le gonflement lingual médian et fusionnent sur la ligne médiane pour former la partie orale de la langue. Le septum lingual fibreux représente le point de fusion des deux renflements linguaux latéraux, qui se trouve au fond du sillon médian (sillon central le long de l'axe longitudinal) de la langue.
Tiers postérieur
Caudalement au foramen cæcum, deux dérivés mésenchymateux prennent naissance de la partie ventromédiale du deuxième au quatrième arcs pharyngiens. Les copula sont le produit des deuxièmes arcs pharyngiens, tandis que l'éminence hypopharyngienne - qui se développe sous la copula - naît des troisième et quatrième arcs pharyngiens. Comme les tuméfactions linguales latérales, les éminences hypopharyngiennes croissent plus rapidement que la copula. En conséquence, la copula régresse entre la 4ème et la 5e semaine de développement et l'éminence hypopharyngée devient la partie pharyngée de la langue.
Les parties orale et pharyngée de la langue finissent par fusionner, formant une jonction en forme de V appelée sulcus terminal. Alors que le tissu conjonctif et l'apport vasculaire de la langue proviennent principalement des arcs pharyngés précédents, les muscles intrinsèques et extrinsèques sont des dérivés de myoblastes provenant des myotomes occipitaux.
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De plus, la langue et le palais dur se développent simultanément. Cela contribue à mouler le palais dans la structure arquée qu'il deviendra par la suite au cours de la vie postnatale. La plupart des changements morphologiques de la langue se produisent au cours du premier trimestre de la grossesse. Dès le deuxième trimestre et jusqu'à la vie extra-utérine, le reste des changements est lié à l'allongement et au repositionnement de l'organe. Les parties présulcales et postsulcales de la langue se trouvent toutes deux dans la cavité buccale proprement dite à la naissance. La migration caudale du tiers postérieur de la langue n'est pas achevée avant l'âge de 4 ans.
Bourgeons gustatifs et papilles
La texture grossière de la face dorsale de la langue peut être attribuée aux nombreuses papilles linguales qui se trouvent à sa surface. À la fin de la 8e semaine de gestation, les papilles foliées et vallées sont les premières des quatre papilles à se développer. Elles sont suivies par l'apparition de papilles fongiformes. Vers la 10e ou 11e semaine de gestation, les papilles filiformes peuvent être observées sur la face dorsale de la langue. Chaque type de papille joue un rôle particulier dans la physiologie de la langue, possède une innervation unique basée sur les terminaisons nerveuses les plus proches.
Le développement des papilles gustatives commence lorsque les dernières papilles sont formées au cours de la 11e semaine de gestation. Leur formation est influencée par les fibres nerveuses sensorielles spéciales envahissantes, ainsi que des facteurs inductifs provenant de l'épithélium environnant. Bien que la majorité de ces récepteurs gustatifs spécialisés se développent sur le dos de la langue, elles apparaissent également sur les palais durs et mous, sur la face dorsale de l'épiglotte, les arcs palatoglosses et la paroi oropharyngée postérieure. Le développement des papilles gustatives s'achève vers la 13e semaine de gestation.
Innervation
Sachant que chaque arcade pharyngée possède son propre faisceau neurovasculaire, les dérivés de ces faisceaux s'approvisionnent également en nerfs à partir de ces sources. La division mandibulaire du nerf trijumeau (V3) transmet des impulsions sensorielles provenant des dérivés du premier arc pharyngé. Comme cet arc a donné naissance au tuberculum impar et aux tuméfactions linguales latérales (qui forment la partie orale de la langue), la muqueuse de toute cette zone envoie des impulsions afférentes via la branche linguale du V3.
Même si le deuxième arc pharyngé ne contribue pas à une structure visible sur la surface de la langue, une partie de son innervation - la corde du tympan ; une branche du nerf facial (VII) - transporte des signaux afférents spéciaux provenant des papilles gustatives (à l'exception des papilles valléennes) de la partie présulcale de la langue. Les papilles valléennes, ainsi que la muqueuse de la partie postsulcale de la langue, transmettent des stimuli afférents au nerf glossopharyngien (IX), qui est le nerf du troisième arc pharyngien. Cette innervation est également complétée par le nerf du quatrième arc pharyngien - le nerf vague (X) - qui transmet les stimuli sensoriels de la base de la langue, antérieure à l'épiglotte.
Rappelons que les muscles intrinsèques et extrinsèques de la langue sont issus des myotomes occipitaux qui ont migré par le bas pour peupler la langue en développement. Par conséquent, les myocytes migrateurs ont entraîné avec eux le nerf hypoglosse (XII). Ainsi, le nerf crânien XII fournit des stimuli efférents à tous les muscles de la langue. L'exception à cette règle est le palatoglosse, dont la motricité est assurée par le plexus pharyngien.
Pour récapituler ce qui vient d'être dit :
- Le développement de la langue commence vers la fin de la quatrième semaine de gestation.
- Les deux tiers antérieurs de l'organe sont appelés partie présulcale (orale), et le tiers postérieur est la partie postsulcale (pharyngée).
- La langue présulcale naît du premier arc pharyngien, tandis que la partie postsulcale provient des troisième et quatrième arcs pharyngiens.
- Ni le tuberculum impar (du 1er arc pharyngé), ni la copula (2e arc pharyngé) ne contribuent aux structures de la langue adulte.
- La langue présulcale présente des papilles linguales et des papilles gustatives, tandis que la partie postsulcale présente des tonsilles linguales et des papilles gustatives.
- L'innervation de la langue dépend de l'arc pharyngien dont elle est issue.
Note clinique
Une anomalie particulière de l'arc pharyngé, connue sous le nom de syndrome de Pierre Robin, provoque, entre autres symptômes, une glossoptose. Cette anomalie particulière entraîne un déplacement de la langue vers l'arrière et peut provoquer une obstruction des voies respiratoires ou une apnée.
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