Muscle digastrique
Le muscle digastrique est un petit muscle apparié situé dans le compartiment antérieur du cou. Il appartient à un groupe de muscles appelé “muscles suprahyoïdiens”. En plus du digastrique, ce groupe contient les muscles mylohyoïdien, géniohyoïdien, et stylohyoïdien. Comme leur nom l’indique, ces muscles se trouvent au-dessus de l’os hyoïde. Associé au tissu adjacent, ils forment le plancher de la bouche.
Le nom de ce muscle cache aussi un indice à son sujet : il est construit sur la base du grec “dis”, signifiant “deux” ou bien “double”, associé au mot latin “gaster”, qui signifie “ventre”. Cela décrit parfaitement l’anatomie de ce muscle qui possède en effet deux ventres musculaires.
Cet article décrit l’anatomie du muscle digastrique.
Origines |
Ventre antérieur : Fosse digastrique de la mandibule Ventre postérieur : Incisure mastoïde de l’os temporal |
Insertions | Corps de l’os hyoïde (par le tendon intermédiaire et sa gaine fibreuse) |
Actions |
Abaisse la mandibule Élève l’os hyoïde durant la mastication et la déglutition |
Innervation |
Ventre antérieur : Nerf mylohyoïdien (branche du nerf alvéolaire) (NC V3) Ventre postérieur : Rameau digastrique du nerf facial (NC VII) |
Vascularisation |
Ventre antérieur : Artère faciale Ventre postérieur : Artère occipitale |
- Origines et insertions
- Relations anatomiques
- Fonctions
- Synergistes et antagonistes
- Innervation et vascularisation
- Notes cliniques
- Sources
Origines et insertions
Le muscle digastrique se compose de deux parties : un ventre antérieur et un ventre supérieur, reliés par un tendon intermédiaire. Chaque ventre du muscle digastrique possède un seul point d’origine.
- Le ventre postérieur nait de la face médiale de l’incisure mastoïde de l’os temporal. Partant de là, il chemine ensuite antéro-inférieurement jusqu’à l’os hyoïde, traversant le muscle stylohyoïdien avant de s’attacher au tendon intermédiaire du muscle digastrique.
- Le ventre antérieur du muscle digastrique provient de la fosse digastrique du bord inférieur de la mandibule, à proximité de la ligne médiane et de la symphyse mandibulaire. Cette portion du muscle s’étend postéro-inférieurement à partir de la mandibule puis rejoint le tendon intermédiaire.
Au-dessus de l’os hyoïde, les deux ventres musculaires du digastrique se rejoignent pour former le tendon intermédiaire. Ce tendon est entouré d’un manchon fibreux en forme de U, issu d’un épaississement de la lame superficielle du fascia cervical profond. Ce manchon est fixé à la face supérieure du corps de l’os hyoïde et fonctionne comme une poulie anatomique, permettant au tendon intermédiaire de coulisser d’avant en arrière.
Relations anatomiques
À mesure que le ventre postérieur du muscle digastrique descend vers l’os hyoïde, il longe en arrière le muscle stylohyoïdien, qu’il finit par traverser. Ce ventre postérieur est également en rapport étroit avec le faisceau neurovasculaire du cou, comprenant la veine jugulaire interne, les artères carotides interne et externe, ainsi que les nerfs vague (X), glossopharyngien (IX) et hypoglosse (XII), tous situés en profondeur par rapport à ce muscle.
Le muscle digastrique divise le triangle antérieur du cou en trois régions secondaires : le triangle carotidien, le triangle submentonnier (submental), et le triangle submandibulaire.
- Triangle carotidien : Le ventre postérieur du digastrique en constitue la limite supérieure. Ce triangle apparié contient des éléments vasculaires majeurs tels que l'artère carotide commune, l'artère carotide interne et l'artère carotide externe.
- Triangle submentonnier : Ce triangle non apparié est limité latéralement par les ventres antérieurs des muscles digastriques droit et gauche, et inférieurement par le corps de l’os hyoïde. Il renferme les ganglions lymphatiques submentaux, ainsi que les veines submentonnières et jugulaires.
- Triangle submandibulaire (ou triangle digastrique) : ce triangle apparié est délimité par les ventres antérieur et postérieur du digastrique, ainsi que par le bord inférieur de la mandibule. On y trouve notamment la glande submandibulaire et les nœuds lymphatiques submandibulaires.
Fonctions
Le muscle digastrique remplit deux fonctions principales :
- L’abaissement de la mandibule lorsque l’os hyoïde est stabilisé.
- L’élévation de l’os hyoïde et du larynx lorsque la mandibule est fixe.
En abaissant la mandibule, le digastrique participe à l’ouverture de la bouche, notamment lorsque celle-ci doit se faire contre une certaine résistance. Il assiste ainsi, avec l’ensemble des muscles suprahyoïdiens, les mécanismes de mastication, de déglutition et de phonation. C’est pour cette raison que les muscles suprahyoïdiens sont parfois qualifiés de muscles accessoires de la mastication.
À l’inverse, lorsque la mandibule est fixe, le digastrique élève l’os hyoïde, entraînant avec lui le larynx. Ce mouvement supérieur de l’hyoïde et du larynx contribue à l’abaissement de l’épiglotte, ce qui ferme l’entrée du larynx et protège les voies respiratoires pendant la déglutition, empêchant ainsi le passage de nourriture ou de liquide dans la trachée.
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Synergistes et antagonistes
Comme vu ci-dessus, lorsque l’os hyoïde est fixé, le muscle digastrique est assisté par les autres muscles suprahyoïdiens. Ses synergistes sont donc le muscle mylohyoïdien, le muscle géniohyoïdien, et le muscle stylohyoïdien. Les antagonistes du muscle digastrique sont ceux qui assurent l’adduction de la mandibule : les muscles masséter, temporal et ptérygoïdien médial.
Dans l’autre configuration, c’est-à-dire lorsque la mandibule est fixe, le digastrique permet l’élévation de l’os hyoïde, notamment lors de la déglutition. Ses synergistes restent les mêmes (mylohyoïdien, le géniohyoïdien et le stylohyoïdien), néanmoins ses antagonistes diffèrent ; ils sont alors les muscles infrahyoïdiens, tels que le sternohyoïdien, l’omohyoïdien et le sternothyroïdien.
Innervation et vascularisation
Une caractéristique toute particulière du muscle digastrique est l’origine embryologique distincte de ses ventres, qui se traduit par une innervation provenant de deux nerfs différents.
Le ventre antérieur du muscle digastrique est issu du premier arc pharyngien, ce qui explique son innervation par le nerf mylohyoïdien, une branche du nerf alvéolaire inférieur qui provient du nerf mandibulaire (V3). En revanche, le ventre postérieur dérive du mésoderme du deuxième arc pharyngien et reçoit son innervation du rameau digastrique du nerf facial (VII).
Le ventre antérieur du muscle digastrique est principalement vascularisé par l’artère submentonnière, une branche de l’artère faciale. Le ventre postérieur quant à lui est vascularisé par les artères auriculaire postérieure et occipitale.
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Notes cliniques
Le muscle digastrique occupe une place importante en clinique, tant sur le plan fonctionnel qu’anatomique. Il constitue un repère chirurgical majeur dans la région cervicale antérieure, notamment dans le triangle submandibulaire et le triangle carotidien. Le ventre postérieur du muscle est situé à proximité immédiate de structures vitales comme la veine jugulaire interne, l’artère carotide interne et le nerf hypoglosse (XII), ce qui exige une grande précision lors d’interventions telles que les chirurgies de la glande submandibulaire ou les curages ganglionnaires.
Sur le plan fonctionnel, le muscle digastrique intervient dans l’abaissement de la mandibule et l’élévation de l’os hyoïde, jouant ainsi un rôle dans l’ouverture de la bouche et la déglutition. Il peut être impliqué dans certaines pathologies comme les troubles de l’articulation temporomandibulaire ou le trismus. De plus, sa position anatomique permet de délimiter des zones cervicales clés, facilitant l’examen de potentielles masses cervicales, adénopathies ou anomalies vasculaires.
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